Parcours

Hélène Legrand

Des études poursuivies à l'UER d'art plastique (Paris 1) au cours des années 80 me destinaient à produire du concept plutôt que de la peinture de chevalet jugée obsolète par les modernes radicaux qui nous enseignaient. Force nous était faite de constater qu'après Duchamp "on ne pouvait plus peindre" !...

Pourtant mon parcours divergea : ma rencontre avec la pensée de Claude Lévi-Strauss (le structuralisme teintait encore, à l'époque, le discours universitaire) fut décisive : préservation, transmission devinrent l'enjeu de mon travail et l'inquiétude de voir la peinture devenir "un métier perdu", une "perte sévère", le moteur d'une nécessité à représenter le monde en peinture.

Depuis, dans le lieu du tableau, je tente de "piéger" dans l'embuscade de la représentation ce qui est menacé de disparition du monde avec une nette prédilection pour les instances silencieuses : sujets délaissés de l'histoire de l'art en un premier temps puis l'animal, le végétal et le paysage dans l'expérience vivante du réel.. C'est à l'exemple des autres arts non affectés par les ruptures successives du xxème siècle et une absence de transmission du métier que j'ai recours à une esthétique éclectique : citations de codes, de signes, restauration du sujet, pluralité des styles, anachronismes etc... 

La phénoménologie accompagne depuis quelques années ce travail (Maurice Merleau-Ponty et Henry Maldiney notamment) en ce qu'elle permet de restaurer une continuité du sens au mouvement temporel de l'attention : saisir par le regard, sans l'arracher à l'ensemble, "la chose même" dans son inépuisable permanence.

En 2018, suite au 44ème Salon de la Marine, j'ai reçu les insignes de Peintre de la Marine, haute distinction militaire dont le nombre est limité à 20 peintres, et que seules 5 femmes ont eu l'honneur de recevoir en 2 siècles.


View this text in english View this text in english version.
Hélène Legrand

In the 1980s, my teachers at Paris I, the University of Fines Arts, favored the radical movement of Conceptual art rather than easel  painting which was judged to be obsolete at the time. We were encouraged to acknowledge that with Duchamps, 'Painting was obsolete'.

Nevertheless, I changed my artistic perception: my reading of Levi Strauss was a decisive moment (at that time Structuralism was still a prevalent philosophy): to preserve and handdown the heritage of centuries of painters before me, all this became the philosophy of my approach to my work. To not let painting become a lost art.

Since then, using the canvas for my local environment, I try to capture through my painted descriptions those things that are becoming extinct, with special attention to the unspoken phenomena : firstly , matters overlooked in the history of art, and then animals , plants , and the landscapes as lived in life. In the tradition of other art forms not afflicted by the successive breakdowns of the 20 th century and the absence of any handing down of the inherited knowledge, I turned to an eclectic aesthetic : renaming codes, signs, bringing forth the subject a variety of styles, anachronisms, etc…

Studying Phenomenology (Merleau-Ponty and H. Maldiney, in particular) has been useful these past few years in reassembling the sense of continuity in fleeting attention span: to be  caught by the seeing presence without tearing it away from the construction, 'the thing itself', in its unlimited continuity.


Visualiser ce texte en français Visualiser ce texte en français